J’aime répondre aux questions de mes clients. J’aime qu’on réponde à mes questions. J’en reçois des milliers et j’en ai pour ma part autant.

Ça me nourrit et ça me fait grandir. L’amélioration est tout autour de nous et on devient meilleurs. J’ai vécu toutefois une situation l’autre jour qui m’a laissée pantoise. Plusieurs questions sont restées en suspens. Je vous raconte.

J’étais dans une salle d’attente d’un hôpital quelconque en compagnie de plusieurs personnes, majoritairement des personnes âgées. Au fond de la pièce, une femme et son bambin dans une poussette. Il babillait. Quelques fois fort, certes, mais il babillait.

Quelques personnes âgées présentaient des signes d’impatience face aux bruits ambiants, sans toutefois jeter de regards désobligeants en direction du petit puisque d’autres personnes parlaient et riaient à l’occasion. La mère présentait des signes d’impatience et demandait au bambin de se taire, sans élever le ton. Tout à coup, quelque chose m’a interpellé et m’a intéressé à ses propos. Ce sont les mots. Les mots utilisés par la mère à l’égard de son enfant. Des mots durs : « Chut! Tais-toi! Tu n’es pas gentil. Tu déranges tout le monde. Lorsqu’on va arriver à la maison, tu iras dans ta chambre. Les gens ne te regardent pas parce qu’ils ne t’aiment pas. » Et j’en passe. Beaucoup de mépris…pour rien.

Rien parce qu’il ne s’agit ici que d’un enfant qui fait sa vie d’enfant. Qu’avait-elle à lui reprocher? Pourquoi lui dire de telles choses? Pourquoi à part moi, seulement une ou deux autres personnes parmi toutes les personnes présentes semblaient dérangées par ses propos? Qu’aurais-je pu faire? Qu’aurais-je dû dire?

En fait, le type de violence dont j’ai été témoin est insidieux. La violence verbale. Elle est moins spectaculaire que la violence physique. Elle ne laisse pas de marques apparentes. Ho, j’ai déjà eu l’occasion d’intervenir dans un lieu public où un enfant se faisait brasser physiquement par ses parents. Un agent a pris la situation en charge. Dans ce cas, j’ai su quoi faire et j’ai senti que mon intervention avait un potentiel de changer quelque chose pour l’enfant violenté.

Dans le cas de la salle d’attente, non. J’ai même eu peur. Je me demandais si j’exacerberais l’agressivité de la mère à l’égard du petit si j’intervenais, sachant que la situation vécue dans ce cas ne mériterait pas l’intervention d’un agent. J’avais envie de lui dire : « Madame, le babillage du petit ne dérange personne. C’est le vôtre qui énerve et persécute! » Mais je ne l’ai pas fait, je ne l’ai pas dit. J’avais peur des conséquences…supplémentaires. Parce que conséquences il y a déjà pour ce petit.

Voilà tellement de questions sans réponses. Qu’auriez-vous fait à ma place? Comment pouvons-nous comme société, aider les parents à devenir meilleurs?

Pour ma part, avec un peu de recul, je me suis permis une réflexion selon ce que je fais de mieux, c’est-à-dire, la gestion de risque et le développement de culture de prévention. Je me suis questionnée selon l’axe de l’éducation. Éduquer aux stratégies qui conduisent les personnes vers des comportements altruistes et préventifs, de mieux-être pour soi et pour les autres. Et je me suis inspirée de la sécurité routière pour ce faire. C’est un sujet qui touche tout le monde. Un moment donné ou un autre on est soit un conducteur, soit un cycliste, soit un piéton et par conséquent, impliqué à cohabiter avec nos semblables dans une dynamique de gestion des dangers et des menaces. Faut donc savoir comment se comporter, ce qui est attendu, ce qui est acceptable.

J’ai donc consulté le site Internet de la SAAQ et j’ai pu identifier à leur mission, un des trois mandats qu’ils se sont donnés et qui va dans le sens de ma réflexion, ÉDUQUER.

« Faire la promotion de la sécurité routière en menant des campagnes de sensibilisation pour aider à améliorer le bilan routier ».

Cela complète le premier mandat relatif aux lois, ainsi que le second mandat relatif aux instances de surveillance. Ces 3 mandats sont essentiels pour s’assurer comme société que les gens connaissent les attentes, sachent qu’elles sont mesurées et en constatent les bénéfices sur la communauté.

Cela m’a donc conduite au site Internet du Ministère de la Famille dans l’espoir de trouver quelque chose du même acabit. Déception! Contrairement à la SAAQ, rien dans la mission qui ne corresponde en quoi que ce soit au mandat éducatif. Rien pour éduquer notre société sur ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas du point de vue du traitement fait aux enfants.

C’est malheureux et ça laisse certaines gens dans une position de vulnérabilité, tant pour le parent que pour l’enfant. Comment savoir, si je suis une personne isolée et que je suis passive, que ce que je fais ou je vis ne correspond pas à la norme?

Comme pour tout, notamment, en management, l’éducation ne règle pas tout évidemment. Elle offre toutefois les outils nécessaires au savoir-faire et au savoir-être. Un grand pas déjà selon moi.

Si vous avez des réflexions à propos de ma propre réflexion, envie de partager une expérience qui pourrait nous inspirer, nous aider pour la prochaine fois, n’hésitez pas. Écrivez-nous.

Je vous laisse ici sur 2 capsules d’un organisme privé qui, par le passé, offrait des capsules à la télé. Selon moi, une telle méthode pourrait répondre, bien que partiellement, à la construction de meilleures personnes, de meilleurs parents.

Capsule sur la gestion du besoin d’attention.

Capsule sur la gestion des émotions.

Références:

https://saaq.gouv.qc.ca/saaq/mission-mandats/ (consulté le 11 juin 2018)

https://www.mfa.gouv.qc.ca/fr/ministere/ministere/mission/Pages/index.aspx (consulté le 11 juin 2018)

Image de Daniel Cheung sur Unsplash