La santé et sécurité du travail au Québec, d’hier à aujourd’hui

J’entends souvent de la part de grands sages, qu’il est essentiel de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va. Voici donc que je vous partage mon libre résumé d’un reportage fort intéressant capté à la radio de Radio-Canada, opportunités fréquentes grâce au kilométrage à abattre pour desservir dans le plaisir, ma clientèle québécoise.

C’est en 1885 que la première loi du travail naît au Québec. Il s’agit de l’Acte des manufactures. Son but? Encadrer le monde industriel pour stabiliser la gestion du travail. C’est à ce moment qu’apparaît le quatrième acteur dans les rapports entre le monde patronal et celui des travailleurs et des syndicats, le gouvernement. Dès 1888, les premiers inspecteurs font leur apparition en intervenant dans les milieux de travail pour témoigner des dangers, et éduquer les employeurs et les travailleurs en termes de sécurité.

Fait intéressant, le gouvernement embauche des femmes à partir de 1897 pour inspecter les milieux de travail! Avant-gardiste direz-vous? Dans les faits, cette fonction compte un contingent d’inspectrices surtout pour compenser les blocages que les inspecteurs masculins rencontrent à intervenir auprès des femmes et des enfants qui sont alors à peine âgés de 11 à 16 ans, deux catégories de travailleurs relativement nombreux dans les entreprises à cette époque. Les femmes étaient reconnues pour leur aisance à discuter d’hygiène du travail, dont les toilettes et la santé reproductive et elles étaient plus sensibles à la cause des enfants travailleurs pour favoriser leur retour sur les bancs d’école.

Autre innovation, c’est au Québec que naît la première loi de sécurité sociale au Canada. Il s’agit de la Loi sur les accidents du travail mise au jour en 1909. Avant cette loi, la compensation d’une lésion passait par les tribunaux où la démonstration de la faute de l’employeur devait être faite. À partir de cette loi, on reconnaît la responsabilité de l’employeur, mais sans faute. La compensation doit toutefois encore passer par les tribunaux. C’est alors que le fait d’être employeur correspond à être responsable des accidents du travail, et ce, selon différents degrés de faute et de gravité.

Le portrait des entreprises au Québec de la fin du 19e siècle est extrêmement varié. Il y a de très grandes usines, notamment, dans le tabac et les explosifs, ainsi que de très petits ateliers. Les facteurs de risque principaux sont la machinerie qui occupe de plus en plus d’espace dans les usines, le manque d’éclairage, de ventilation et de chauffage, les températures extrêmes. En plus de relever les dangers liés au travail et de sensibiliser les milieux de travail, les inspecteurs et les inspectrices ont comme rôle de documenter les accidents qui, sans grande surprise, ne sont pas consignés par les employeurs. On cherche à constituer les premières statistiques des accidents du travail au Québec sur les événements les plus fréquents. On parle d’être broyé, brulé, écrasé et plus spécifiquement chez la femme en raison des cheveux longs, être scalpée. Déjà, on commence à parler de double responsabilité puisqu’il est relevé dans les archives, qu’il est difficile de convaincre les femmes d’attacher leurs cheveux pour des raisons esthétiques! À cet effet, il est intéressant de constater que les inspecteurs sont non seulement mal reçus par les employeurs, mais aussi par les travailleurs et travailleuses qui se voient sermonnés et qui n’apprécient guère. Sentiment de déjà vu n’est-ce pas?

Lors de la Première Guerre mondiale, on est dans l’urgence de produire. Plusieurs usines désaffectées et fermées pour désuétude sont alors rouvertes. On embauche de plus en plus de femmes et les travailleurs des forêts sont introduits dans les usines. Trois conditions qui font exploser les accidents au Québec; urgence, mains-d’œuvre inexpérimentées et machinerie désuète. Étrangement, la réaction du monde syndical n’est pas  favorable à la protection des travailleuses. On leur attribue la responsabilité de la hausse des accidents et la solution n’est plus de mieux équiper les usines, mais de retirer les femmes des milieux de travail!

C’est depuis 1928 que le Québec compte sur une Commission des accidents du travail et depuis 1931, sur une Loi des accidents du travail. Dès lors, le Québec peut se comparer aux autres provinces du Canada et c’est à ce moment qu’on y jette les bases de la stabilité du domaine industriel au Québec, et ce, jusque dans les années 70. Depuis, on assiste à peu de grands bouleversements, simplement quelques changements, signe que les choses se stabilisent sur le plan des relations industrielles. Du gros travail brut a été abattu depuis la révolution industrielle, mais rien n’est jamais vraiment terminé. La santé et sécurité du travail est un processus en constante transformation. Les pratiques doivent par conséquent suivre ce mouvement et tendre vers l’amélioration continue.

Quel parallèle faites-vous avec ce qui se passe de nos jours? Et que dites-vous du partage de la responsabilité en regard aux accidents, à la formation de la main-d’œuvre et à la présence des femmes dans les milieux de travail?

Source : Les premières actions du Québec contre les accidents du travail, Aujourd’hui l’histoire avec Jacques Beauchamp, écoutée le 15 mars 2017 à la radio de Radio-Canada